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1.
Les colloïdes
Le terme "colloïde" a été employé pour
la première fois par Thomas Graham en 1861.
C'est un mot d'origine grecque, kolla, qui signifie "colle".
Il désigne une substance composée de
particules ultra fines suspendues dans un milieu différent.
Ces particules peuvent être
gazeuses, liquides ou solides. Le milieu peut lui aussi être
gazeux, liquide ou solide. Les
colloïdes ont de nombreuses formes : des particules liquides
ou solides suspendues dans un
milieu liquide constituent une émulsion (lait, latex, huile
dans de l'eau...) ; des particules liquides
suspendues dans un milieu gazeux forment un brouillard ; des particules
solides en suspension
dans un milieu gazeux forment une fumée. Le sang et les
liquides lymphatiques sont aussi des
suspensions colloïdales. Pour pouvoir être utilisés
par l'organisme, les nutriments doivent
passer de l'état cristallin à l'état colloïdal.
Dans un système colloïdal ou une solution colloïdale,
les particules doivent être
insolubles : elles ne se dissolvent pas dans la solution ou la
suspension.
La taille des particules joue un rôle essentiel pour définir
le type de système dont il
s'agit. En dessous de 1 nanomètre, le système tendra
vers la solution "vraie" (ou "système
moléculaire"). Entre 1 nm et 100 nm, le système
peut être qualifié de "colloïdal".
Au-dessus de 100 nm, on aura tout d'abord des systèmes qui
présentent encore la plupart
des caractéristiques des colloïdes, puis on se dirige
ensuite vers des suspensions
de plus en plus grossières. On ne peut
pas établir de point précis
séparant les solutions vraies des solutions colloïdales
parce que la transition se fait insensiblement.
La stabilité d'un colloïde dépend de I'interaction
des particules avec la solution ou la
suspension. Certaines solutions doivent leur stabilité aux
charges électriques dont sont
porteuses les particules colloïdales : celles-ci se repoussent
mutuellement et demeurent ainsi
dispersées. D'autres solutions doivent leur stabilité à l'utilisation
d'un stabilisant (gélatine,
amidon, etc.) qui augmente la viscosité de Ia solution.
2. L'argent colloïdal*1
L'argent colloïdal est un type de colloïde consistant
en particules solides (argent)
en suspension dans un liquide (eau distillée ou désionisée).
La plupart des produits
commerciaux contiennent en fait presque exclusivement (de 80 à 95
%) une autre
forme d'argent appelé "ions''. Le terme "argent
colloïdal" employé pour désigner tous
les produits commerciaux courants est donc en fait impropre du
point de vue scientifique.
Un ion d'argent est un atome d'argent auquel il manque un électron.
De ce fait,
ayant perdu une charge négative (électron), l'ion
d'argent est porteur d'une charge positive
et devient soluble (cette solubilité est limitée
et peut se mesurer). L'argent dissout
n'est plus métallique et demeure invisible même sous
le microscope le plus puissant ;
contrairement à l'argent colloïdal, il ne reflète
pas la lumière. Les particules d'argent
métallique qui forment l'argent colloïdal sont porteuses
d'une charge négative et non
positive comme les ions.
Charge électrique des particules : lorsqu'ils sont dispersés
dans de l'eau ayant une
faible concentration ionique, la plupart des solides acquièrent
une charge négative appelée"
potentiel zêta". Cette charge est en partie due à l'adsorption
des ions de la solution.
L'ionisation dissocie la molécule d'eau en ions hydrogène
(H+) et hydroxyles (OH-). Ces
derniers sont des ions non métalliques qui s'unissent aux
atomes des particules d'argent et leur
transmettent ainsi leur charge négative.
Quand le potentiel zêta devient inférieur à -30
mV, le colloïde est considéré comme stable,
parce que les particules se repoussent mutuellement avec une force
suffisante pour demeurer
dispersées.
3. Méthodes de production
Diverses méthodes étaient utilisées autrefois
pour la fabrication de colloïdes. En ce qui
concerne l'argent colloïdal, trois méthodes furent
employées.
La méthode du broyage mécanique produisait de très
grosses particules (de l'ordre de
100 microns) qui tendaient à se déposer au fond de
la solution. Pour essayer d'éviter la
précipitation, on ajoutait souvent des stabilisants. Ceux-ci
avaient tendance à diminuer l'action
de l'argent et pour compenser ce phénomène on employait
de plus fortes quantité d'argent, ce
qui créait un risque potentiel de toxicité.
La méthode chimique se substitua à celle du broyage.
La qualité du produit était
meilleure, mais l'inconvénient de cette méthode,
qui consistait à former un colloïde par
précipitation chimique en ajoutant un réducteur (généralement
un acide fort) à un sel d'argent
(généralement du nitrate d'argent), c'est que le
produit final contenait des traces des produits.
Tableau des régions particulaires
0,1 nm 1 nm 100 nm 1 µ 100 µ 1 mm
solutions vraies solutions colloïdales
région de l'ultramicroscope région du microscope
les particules sont animées d'un mouvement brownien pas
de mouvement brownien visible
les particules passent à travers le papier-filtre ordinaire
les particules sont retenues par le papier-filtre ordinaire
les particules font preuve d'une solubilité accrue les particules
ont une solubilité normaleémulsions et suspensions
? particules de
plus en plus grossières ?
D'après Freundlich, [Herbert], The Elements of Colloïdal
Chemistry (trad. anglaise), Methuen & Co, London 1925
Le mouvement brow nien est un mouvement désordonné des
particules en suspension dans un liquide ou un gaz, produit par
l'impact des
molécules du fluide entourant les particules.
Chimiques utilisés ; et bien sûr, cela pouvait avoir
un effet nocif sur l'organisme.
La méthode électrique, dite aussi "électrocolloïdale",
est celle qui devait finalement prévaloir.
Au processus cathodique (employé pour la première
fois en 1926) s'ajoutent diverses
configurations d'arcs électriques. La méthode cathodique
(électrolytique) est la plus simple et la
plus sûre. Des électrodes en argent sont placées
dans un récipient contenant de l'eau distillée
et un courant continu est envoyé dans l'eau à travers
ces électrodes.
L'électrolyse de l'eau pure avec des électrodes en
argent arrache des ions d'argentà l'électrode positive et les met en solution. Étant
porteurs d'une charge positive, ils sont attirés
par la cathode (électrode négative). Ils se déplacent
très lentement du fait de la résistance de
l'eau et dans l'idéal peu d'entre eux atteignent la cathode.
Quand cela se produit, les ions sont
neutralisés au contact de cette charge négative et
repassent à l'état métallique ; de l'argent
se
dépose alors sur la cathode qui doit être nettoyée
régulièrement.
Technologie actuelle
Certains fabricants se sont ingéniés, au prix de
longs et coûteux efforts, à perfectionner le
procédé de base décrit ci-dessus, l'objectif étant
d'obtenir des particules les plus fines possibles
et une stabilité maximale du produit. Pour cela, il faut
parfaitement maîtriser divers paramètres,
entre autres équilibrer les caractéristiques du courant
(voltage, ampérage, wattage) grâce à des
circuits électroniques spéciaux. Pour éviter
l'encrassement de la cathode, les modèles les plus
sophistiqués sont munis d'un système de renversement
de polarité ; ainsi, les électrodes sont
autonettoyantes. Nous donnerons d'autres détails techniques
au chapitre *7, qui présente divers
appareils domestiques.
Il existe plusieurs variantes de la méthode électrique
:
Le procédé basse tension courant continu (sigle anglais
LVDC) utilise des voltages
généralement compris entre 12 et 30 volts. La solution
ainsi obtenue contient environ 90 %
d'ions argent et 10 % de particules d'argent métallique.
Le procédé haute tension courant alternatif (sigle
anglais HVAC) permet de faire
passer 170 volts au niveau des électrodes. La solution ainsi
obtenue contient environ 80 %
d'ions argent et 20 % de particules d'argent métallique.
Des procédés spéciaux utilisent un système
HVAC pour produire des solutions qui
contiennent 80 % de particules d'argent métallique et seulement
20 % d'ions d'argent. Ces
particules sont extrêmement fines (moins de 2 nm en moyenne)
et la solution est très stable.
4. Caractéristiques des solutions d'argent colloïdal
Taille des particules
Le principal critère de qualité et d'efficacité d'une
solution d'argent colloïdal est la taille de
ses particules. Il y a une relation étroite entre la taille
des particules et l'efficacité du produit.
- Les particules colloïdales doivent être suffisamment
fines pour ne pas s'agglutiner
entre elles. En effet, au-delà d'une certaine taille, elles
sont attirées les unes vers les autres et
cherchent à s'unir. Ce phénomène peut alors
faire "boule de neige", jusqu'au moment où l'argent précipite et se dépose au fond de la solution
sous l'action de la pesanteur. Bien sûr,
plus il y a d'argent qui précipite, plus le produit perd
de son efficacité.
- Outre le phénomène de précipitation mentionné ci-dessus,
la taille des particules
détermine aussi leur surface de contact avec les micro-organismes,
et celle-ci détermine à son
tour une grande partie de la valeur thérapeutique du produit.
Plus les particules sont fines, plus
leur surface de contact est étendue et plus elles seront à même
de pénétrer et de se disperser
dans les tissus. En d'autres termes, pour augmenter la capacité germicide
d'une quantité d'argent donnée, il faut exposer à l'eau une surface
de métal maximum. Ceci s'obtient en
fragmentant l'argent en particules les plus fines possibles. Ainsi
donc, un produit de haute
qualité contiendra un maximum de particules de la taille
la plus petite possible.
Dans un produit ancien comme le collargol, la taille moyenne des
particules était de 20
nm. Les meilleurs produits actuels ont des particules dont la taille
descend en dessous du nanomètre.
Pour donner une idée de ce que cela représente, l'un
des virus les plus minuscules, le
virus du rhume (rhinovirus) a une taille de 20 nm.
Concentration
La quantité réelle d'argent dans une solution colloïdale
se mesure en milligrammes par
litre. Dans la pratique, on utilise le plus souvent une mesure équivalente
: les parties par million
(ppm). Ceci désigne le nombre de parties d'argent (en poids)
pour chaque million de parties
d'eau. Par exemple, 10 parties par million signifie 10 parties
d'argent pour un million de parties
d'eau (noté 10 ppm), et équivaut à 10 mg/l.
D'après l'expérience des utilisateurs et des fabricants,
et d'après les tests effectués en
laboratoire, il semble qu'aucune affection ne nécessite
de concentrations supérieures à 30 ppm.
La plupart des solutions commerciales ont une concentration de
5, 10, 15 ou 20 ppm.
Comme on l'a expliqué précédemment, plus les
particules sont petites, plus la solution est
efficace, pour une quantité d'argent équivalente.
Ingérer, par exemple un morceau d'argent
métallique d'un milligramme n'aurait pas beaucoup d'effet.
Par contre, si ce milligramme était
divisé en un million de particules d'argent, il serait beaucoup
plus efficace parce que chaque
particule d'argent s'attaque à un micro-organisme pathogène.
Donc, à concentration égale, ce
produit est un million de fois plus efficace que le précédent.
C'est pourquoi il n'est pas
nécessaire d'avoir de fortes concentrations si l'argent
est divisé en un nombre maximum de
particules. En outre, plus la concentration des particules augmente,
plus ces particules vont
avoir tendance à s'agglomérer, et finalement à précipiter.
Si bien qu'au-delà de 50 ppm, la
solution nécessiterait un stabilisant qui en réduirait
l'efficacité.
Autres critères de qualité.
Qualité de l'eau : l'argent colloïdal doit être
préparé avec une eau de haute qualité (double ou triple distillation ou désionisation). En effet,
si l'eau utilisée contient trop de solides
dissouts, les ions d'argent produits vont se combiner avec ces
solides pour former des sels
d'argent potentiellement toxiques. En outre, une telle eau possède
une conductivité trop élevée
qui engendre la formation de grosses particules. L'eau du robinet,
l'eau minérale et même une
eau filtrée par osmose inverse sont donc proscrites.
Les chercheurs qui ont étudié les propriétés
et la structure de l'eau ont même conclu que
l'eau distillée était une eau "morte" et
qu'il fallait lui préférer une eau non dénaturée
par la
chaleur, l'eau désionisée.
Qualité des électrodes : les électrodes doivent
elles aussi être d'un degré de pureté suffisant pour éviter la formation d'ions plus ou moins
toxiques. La pureté conseillée est
généralement de 99.99 %, mais 99.9 % semble aussi
très acceptable comme le montre
l'expérience effectuée par Peter Lindermann :
Les impuretés totales admissibles pour l'argent à 99,9
% ne doivent pas dépasser 1000
ppm. Ces impuretés sont : 1) cuivre (maximum 800 ppm), 2)
plomb (maximum 250 ppm), 3) fer
(maximum 200 ppm), 4) bismuth (maximum 10 ppm)... Quand ce produit
est utilisé pour
fabriquer de l'argent électrocolloïdal à une
concentration de 5 ppm, les impuretés maximales se
réduisent à 4 ppmd (parties par milliard) de cuivre,
1,25 ppmd de plomb, 1 ppmd de fer, 0,05
ppmd de bismuth. Avec des taux aussi faibles on peut raisonnablement
penser qu'il n'y a
aucune raison de s'inquiéter...
... Nous avons demandé I'analyse d'un échantillon
d'argent colloïdal à 10 ppm, obtenu
avec des électrodes d'argent à 99,9 %. Les principales
impuretés trouvées furent : 1) sodium
(470 ppmd), 2) calcium (260 ppmd), 3) manganèse (70 ppmd),
4) potassium (50 ppmd), 5)
magnésium (24 ppmd). Aucune de ces impuretés ne pouvant
provenir de l'argent, cette analyse
suggère qu'il faut se préoccuper davantage de la
qualité de l'eau plutôt que de dépenser une
fortune pour se procurer de l'argent ultra pur.
Au simple fil d'argent, on préférera un ruban dont
la largeur peut varier entre 6 mm et 25
mm. D'une part la durée de vie de l'électrode sera
beaucoup plus longue, d'autre part la densité*2
du courant électrique sera d'un niveau plus faible, ce qui
entraîne la production de particules
plus fines.
Couleur : un indicateur simple, mais fondamental, la qualité d'une
solution ionique
d'argent colloïdal est la couleur qu'elle présente.
En fait, il faudrait plutôt dire l'absence de
couleur, puisque les meilleurs produits sont parfaitement incolores. À mesure
qu'augmente la
concentration et/ou la taille des particules, on voit apparaître
une certaine teinte : jaune pâle,
puis or, brun, rouge et noir. Le brun, rouge et noir indiquent
des produits de qualité inacceptable.
Il faut noter que les suspensions colloïdales métalliques
décrites plus loin (Mesosilver,
Advanced Colloïdal Silver) présentent naturellement
une couleur brune.
Stabilité, conservation : au bout d'un temps plus ou moins
long, les particules d'argent
finissent par perdre leur charge électrique et précipitent.
Pour prolonger la durée de vie du
produit, il est bon de le conserver dans des récipients
en verre. Le plastique réagit avec les
particules porteuses d'une charge électrique qui finissent
par précipiter. En outre, l'expositionà la lumière dégrade rapidement la solution. Des récipients
en verre coloré (brun ou bleu-cobalt)
permettent de minimiser ce phénomène.
Certains produits de haute qualité revendiquent une durée
de vie "illimitée". Cela resteà voir, mais les tests ont montré qu'ils étaient
beaucoup moins sensibles aux facteurs ci-dessus et
pouvaient se conserver au moins un an ou deux sans perdre d'efficacité.
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1 D'après Francis Key et George Maas, Ions, Atoms and Charged
Particules (document internet).
2 Intensité de courant par unité de surface ou de
volume d'un conducteur.
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